Like another day { James.

Ce matin-ci le réveil sonna comme chaque matin et comme chaque matin je posais paresseusement mes deux pieds à terre, je franchissais le peu de mètres séparant mon lit de mon bureau et j'éteignais cet appareil de malheurs puis je retournais dans mes douces rêveries. Je n'entendis pas Jason faire irruption dans ma chambre, pousser un soupire et refermer la porte derrière lui, Morphée m'enlaçant de nouveau. C'était un jeudi, une journée en semaine, une journée de cours, oui, mes cours débutaient dans exactement trente minutes, sachant que le trajet jusqu'au lycée prenait vingt minutes, il me paraissait improbable d'être à l'heure. Par chance, ou malchance, je commençais ma journée par deux heures d'anglais orchestrées par mon frère aîné, James, je ne risquais pas grand chose, je le savais couvrant mes arrières bien que sentant ses futures remontrances. Néanmoins cette pensée ne m'empêcha pas de me rendormir.

Lorsque je me réveillais pour la seconde fois de la journée, le réveil annonçait midi, les deux heures d'anglais étant passées depuis longtemps je décidais de sécher le reste de la journée. M'extirpant fastidieusement du lit, je quittais ma chambre, attrapant la veste portée de la veille et laissée sur ma chaise de bureau durant la nuit, je me mis à arpenter le couloir principal du deuxième étage. Seul à la maison, ce qui n'était plus chose rare depuis la mort de mes parents, Jason et moi vivions de nous même, bien que soutenus financièrement par notre frère James. Je descendais dans la cuisine, ouvrait le frigo et y prenait une bière bien cachée entre plusieurs aliments avant de prendre place sur l'une des chaises autour de la table.

« C'est entre toi et moi ma belle ! » Dis-je à l'intention de la bouteille en verre.

Sans plus attendre j'en portais le contenu à ma bouche et m'en délectais. L'alcool, source de mon bonheur et pourtant gourmandise destructrice précoce à mon âge. Mon attention fut brutalement détournée par le claquement de la porte d'entrée et l'arrivée impromptue de ce visiteur. Pensant que Jason rentrait manger, je ne cacha pas ma bière, le croyant monter directement dans sa chambre. Nous évitions de nous parler afin d'en éviter toute dispute.

« Ça va merci Jas'.» Criais-je ironiquement.

Le trajet du lycée à la maison ne me prenait guère de temps. Pour l’avoir fait des milliers de fois, je savais déjà que je stationnerais ma voiture devant le garage, que Mme Smith serait à sa fenêtre lorsque je sortirais de la voiture et que tous les voisins seraient au courant de mon arrivé à l’heure du déjeuné dans la maison familiale. Je refoulais ses pensées parasites pour me concentrer sur la raison de ma présence. Ce gamin de 17 ans qui rend ma vie infernale mais que je protège malgré tout.

La maison me rendait mal à l’aise depuis la mort de mes parents. Il était bien connu que chacun vivait son deuil de façon différente. Parfois, certaines personnes ne parviennent pas à faire leur deuil. J’aurais aimé comprendre. Ce qui se passait dans la tête de Justin et pourquoi on ne pouvait se parler sans que ça se finisse en un affrontement final. Souffrait il de la mort de nos parents ? Un sac de courses sous le bras, je poussais la porte de la maison et la claquais un peu trop violemment. Coup de chance, cette dernière était assez solide pour supporter tous nos accès de colère. Dans le couloir, je pivotais rapidement sur mes pied en direction de la cuisine pour m’apercevoir que mon frère était bel et bien là. Mon regard se planta dans le sien, je tâchai de garder mon calme en voyant la bouteille de bière entre ses mains.

« - Il n’est que midi, Justin. » l’avertis je, en réfrénant le soupir que je rêvais de lâcher devant son attitude désinvolte. « tu projette de faire un détour par la salle de bain ou tu comptes passer ta journée à te prélasser dans le canapé en t’enfilant bière sur bière ?! » J’avais décidé de la jouer détendue. C’était le plan initial. Mais la lueur désinvolte dans son regard eu le don de me mettre sur les nerfs. Je serrais alors la mâchoire afin de retenir une foulée de propos qui – j’en étais conscient – ne pourrais nous mener qu’à une énième dispute, comme d’habitude.

» James N. Andrews ••• In another life